Turquie : les islamistes au pouvoir



Monsieur Necmettin Erbakan, chef du Refah, le parti islamiste turc, est depuis hier le nouveau Premier ministre de la Turquie. C'est la première fois depuis 1923, date à laquelle Mustapha Kemal instaura la première République laïque de Turquie, qu'un parti musulman accède à de si hautes fonctions. Ce nouveau gouvernement a été accepté hier après-midi par le parlement, avec une courte majorité (278 voix contre 265).

Les tractations engagées par Madame Tansu Ciller, l'ex-Premier ministre, sont à l'origine de cette nomination. A la tête d'une coalition vacillante, Madame Ciller, leader du Parti de la Juste voie (DYP), a préféré s'allier avec celui qu'elle qualifiait il y a peu de chef de file des "forces obscurantistes". Fragilisée dans son gouvernement et menacée d'être poursuivie par la Cour Suprême pour des affaires financières confuses, Tansu Ciller a donc opté pour cette alliance peu commune.

L'arrivée au pouvoir de Necmettin Erbakan ne provoque pourtant pas l'unanimité. Des membres du Parti de Madame Ciller, à l'instar de l'opposition, ont voté contre cette alliance et parlent de "coalition immorale". Beaucoup de turcs, façonnés par plus de 70 ans de laïcité, acceptent mal de voir parvenir au pouvoir des islamistes, fussent-ils modérés. A l'extérieur, l'heure est aux interrogations. Pour l'instant franchement tournée vers l'Occident, la Turquie ne va-t-elle pas revenir sur un certain nombre de ses principes? Si Necmettin Erbakan, soucieux de ne pas bouleverser brutalement les alliances, met en veilleuse ses revendications les plus vives, alliés et partenaires de la Turquie attendent de voir de quel côté vont pencher les orientations de ce nouveau gouvernement.

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